Privé de deux buts valables et réduit à 10 de manière très contestable, le Stade Malherbe a certainement vécu l’une des plus grosses injustices de son histoire face à Dijon. L’occasion de rouvrir quelques cicatrices en se replongeant dans les plus gros scandales d’arbitrage dont le club normand a déjà été victime. Voici les cinq matchs que nous avons choisi de retenir.
SM Caen 1-2 AJ Auxerre
Saison 2002-2003 / 32es de finale de Coupe de France / Arbitre : Améziane Khendek
En grande difficulté en championnat, où ils n’ont plus gagné depuis plus de deux mois, les Caennais souhaitent s’offrir une bouffée d’oxygène avec ce match de Coupe de France. Quoi de mieux, pour se relancer, que de réaliser un exploit face à l’un des clubs phares de première division à l’époque ? Les conditions météorologiques sont épouvantables : il neige à gros flocons sur la pelouse du stade Michel d’Ornano et l’on se dit que cela pourrait avantager les locaux. Tout va d’ailleurs parfaitement commencer pour les joueurs de Patrick Rémy. Il suffit d’une dizaine de minutes à Kor Sarr pour ouvrir le score, à la réception d’une passe en profondeur de Salah Bakour. Mais l’avance des Caennais sera de courte durée : Djibril Cissé égalise rapidement avant que Lionel Mathis ne donne l’avantage aux Bourguignons. Entre temps, les Caennais auraient dû bénéficier d’un penalty pour une faute de Fabien Cool sur Alex Di Rocco dans la surface. Malgré cette injustice, les Caennais vont pousser jusque dans le temps additionnel, quand l’intenable Kor Sarr croit réussir à sauver les siens d’une somptueuse reprise de volée. Mais l’arbitre décide de ne pas valider le but pour un hors-jeu… inexistant ! L’ambiance se tend sur le terrain et dans les tribunes. Après le coup de sifflet final, une bouteille d’eau est jetée des tribunes sur Monsieur Khendek, arbitre de la rencontre. Cela vaudra au stade d’Ornano un huis-clos total le temps d’une rencontre.
SM Caen 0-1 Lille OSC
Saison 2014-2015 / 3e journée de Ligue 1 / Arbitre : Sébastien Desiage
Après une probante victoire sur la pelouse d’Evian (3-0), les Caennais disputent leur premier match à domicile de la saison… au stade MMArena du Mans. La faute aux Jeux Equestres Mondiaux qui se déroulent au même moment sur le stade Michel d’Ornano. Face à un cador du championnat, les joueurs de Patrice Garande tiennent le choc jusqu’à la 69e minute et un penalty accordé aux Nordistes pour une supposée faute de Dennis Appiah. En position de dernier défenseur, le malherbiste va même écoper d’un carton rouge. Pourtant, les ralentis sont formels. Le tacle du défenseur caennais sur Divock Origi est à montrer dans toutes les écoles de football : « Sur le moment, les Caennais ont été surpris, mais les joueurs le sont souvent en pareil cas. Je sentais qu’ils étaient sincères mais j’étais certain d’avoir pris la bonne décision. Après le match, on m’a informé qu’il n’y avait pas penalty. J’ai dû gérer les frustrations légitimes, notamment de Patrice Garande, à qui j’ai proposé qu’on se voie au calme dans mon vestiaire. Le lendemain, je l’ai aussi appelé pendant vingt minutes » expliquait l’arbitre de la rencontre dans un entretien accordé au JDD. « Je n’ai pas compris, le joueur lillois n’est même pas venu réclamer quelque chose et je ne suis même pas sûr que la faute ait eu lieu dans la surface » se souvient quant à lui Dennis Appiah, joint par téléphone.
SM Caen 2-3 Olympique de Marseille
Saison 2004-2005 / 17e journée de Ligue 1 / Arbitre : Hervé Piccirillo
Auteur d’une bonne première partie de saison, le Stade Malherbe accueille l’Olympique de Marseille pour un match de gala. À cette occasion, le stade Michel d’Ornano bat son record d’affluence avec 20 972 supporters. À la pause, les deux équipes sont à égalité, Gregory Dufer ayant répondu à l’ouverture du score olympienne. Mais tout bascule en seconde période, quand Cédric Hengbart est sanctionné d’un carton rouge très sévère pour un tirage de maillot inexistant dans sa surface de réparation. Réduits à 10 contre 11, les Caennais vont aller jusqu’à encaisser un troisième but signé Koke, qui gagne son duel face à Vincent Planté. On pense alors que la messe est dite, mais c’était sans compter sur l’esprit de révolte qui anime les joueurs de Patrick Rémy. Cyrille Watier réduit d’abord l’écart après un penalty consécutif à une main d’Habib Beye. Et le miracle se produit dans les arrêts de jeu, quand Reynard Lemaître égalise d’une tête splendide. Le stade d’Ornano exulte de bonheur avant de découvrir que l’arbitre de la rencontre, Monsieur Piccirillo, avait signalé une position de hors-jeu. La goutte d’eau pour les Malherbistes, qui avaient souffert de l’arbitrage à sens unique depuis le début de la rencontre : « Les hommes en jaune ont à peu près tout fait aux Normands, transformant des corners en dégagements en six mètres, laissant Marseille carotter vingt mètres sur un coup-franc… » écrit le journal Libération le lendemain du match. Une défaite qui marquera probablement le début de la chute des hommes de Patrick Rémy, relégué pour deux petits points en fin de saison.
SM Caen 1-1 LB Châteauroux
Saison 2013-2014 / 29e journée de Ligue 2 / Arbitre : Christian Guillard
Alors que le Stade Malherbe espère enfin lancer la série qui le mènera vers la Ligue 1, Châteauroux lutte pour ne pas descendre en National. Tout commence bien pour les joueurs de Patrice Garande, qui ouvrent le score par l’intermédiaire de Mathieu Duhamel. Mais ce même Duhamel est exclu peu avant la pause après un accrochage avec un défenseur castelroussin. Strictement rien au vu des ralentis. Les Caennais vont malgré tout tenir leur avantage jusqu’à la 90+4e minute et un coup-franc lointain accordé aux visiteurs, sur lequel Christopher Maboulou volleye le ballon dans les buts de Damien Perquis. Monsieur Guillard accorde dans un premier temps le but avant de le refuser, visiblement conseillé à l’oreillette… Finalement, il revient sur sa décision et valide le but en expliquant avoir entendu un joueur caennais et non son assistant. Dans leur désespoir, les Malherbistes vont jusqu’à tenter de montrer les images via un téléphone portable. Refus catégorique de l’arbitre, qui reconnaîtra son erreur à la fin du match : « Je suis très affecté. Ma famille est également très affectée. Je souhaite me recentrer sur l’essentiel à ses côtés. J’ai revu les images. L’erreur est flagrante. Le tricheur n’a pas été condamné. C’est dommage. » Le score sera entériné malgré la réserve technique déposée par le club normand… De son côté, Maboulou regrettera seulement plus tard son geste anti-sportif : « Je me sens con. Je suis déçu par mon comportement sur le terrain. D’abord avec ce mauvais réflexe de mettre la main sur le coup franc, puis en n’ayant pas le courage de me dénoncer auprès de l’arbitre. Ce n’est pas digne d’un joueur professionnel » avait-il déclaré sur RMC Sports.
Real Saragosse 2-0 SM Caen
Saison 1992-1993 / 1er tour de Coupe de l’UEFA / Arbitre : Howard King
« Ah, j’ai rarement vu un trio de nullos pareil… Faudrait les empailler ceux-là. » La phrase émane du mythique Thierry Rolland, qui lâche alors l’une de ses plus célèbres saillies à l’encontre des arbitres sur l’antenne de TF1. À l’automne 1992, le Stade Malherbe dispute la seule confrontation européenne de son histoire face au grand Saragosse. Après une victoire 3-2 à l’aller grâce à un doublé de Stéphane Paille et un but de Xavier Gravelaine, les joueurs de Daniel Jeandupeux vont être victimes d’un arbitrage abominable du Gallois Howard King. Si les deux buts espagnols ne souffrent d’aucune contestation, l’arbitre siffle à sens unique et le match est entaché d’énormes erreurs en la défaveur de Malherbe. Howard King signale d’abord un hors-jeu lorsque le Caennais Faouzi Rouissi s’en va seul défier le gardien espagnol. Problème : l’attaquant rouge et bleu est parti de son propre camp… Plus tard, un penalty imaginaire est accordé à Saragosse. Heureusement manqué par les locaux : « On avait vraiment l’impression que ça n’allait que dans un sens. Pour moi aujourd’hui, même avec le recul, je suis sûr à 99% qu’il y avait quelque chose de louche » explique Stéphane Paille dans les colonnes de So Foot. « On s’est fait voler. On s’est aperçu très vite que ça allait être compliqué car on avait un 12e adversaire contre nous » raconte quant à lui Xavier Gravelaine sur le site officiel du SM Caen. Après la rencontre, de nombreux joueurs ont même affirmé que Monsieur King sentait l’alcool à des kilomètres, encore imbibé de la fête de la veille. Ce dernier sera d’ailleurs suspendu 10 ans pour corruption quelques années plus tard…
Sources : Le JDD, So Foot et Encyclopédie du SM Caen.