Après 83 jours de mercato, plusieurs arrivées et de nombreux départs, Yohan Eudeline s’apprête à prendre quelques jours de vacances bien mérités. Avant ça, le directeur sportif dresse le bilan du mercato pour Malherbe inside. Il évoque notamment sa satisfaction de conserver Ali Abdi et Jessy Deminguet, mais aussi ses regrets d’avoir vu filer Nuno Da Costa, pourtant très proche de faire son retour au club…
Tout le monde pensait que Benoît Costil serait l’une des premières recrues de ce mercato. Vous qui le connaissez personnellement pour avoir joué avec lui, que s’est-il passé dans ce dossier ?
Je suis bien évidemment proche de Benoît. Mais ce n’est pas pour ça que c’est plus simple dans les dossiers. Il y avait une envie réciproque des deux parties. Malheureusement, il y a des choses qu’on ne peut pas faire. Benoît avait vraiment envie de revenir au club. Mais quand tu es à Bordeaux en Ligue 1, même si tu fais de gros efforts financiers, ça peut encore être beaucoup d’argent pour nous.
Sur neuf arrivées, six joueurs étaient en fin de contrat. Comment le club a-t-il réussi à les convaincre ?
C’est un travail de plusieurs mois. L’exemple le plus criant est peut-être Manu Ntim. Le premier contact avec l’agent remonte à octobre – novembre dernier. À partir de là, il y a une relation qui se crée pour que Manu nous rejoigne à la fin de son contrat. Mais c’est un garçon très respectueux de son club et il voulait aller à la fin de son contrat avant de prendre une décision. De notre côté, on n’a pas lâché le morceau jusqu’à ce que Valenciennes soit maintenu. À partir de là, on pouvait passer à une autre étape pour qu’il soit avec nous rapidement.
« Jessy aurait pu faire différemment, peut-être qu’on aurait pu faire différemment également. Mais c’est toujours plus facile de parler après coup et je n’ai plus envie d’évoquer le passé. »
Yohan Eudeline
Pas rancunier envers Jessy Deminguet.
Revenons sur le dossier Jessy Deminguet. Est-ce que les choses auraient pu être gérées autrement pour éviter de se retrouver dans une telle situation ?
On a proposé très tôt une belle prolongation à Jessy. Maintenant, sa volonté était de partir du club. Au-delà de signer en Ligue 1, il voulait vraiment voir autre chose. Jessy aurait pu faire différemment, peut-être qu’on aurait pu faire différemment également. Mais c’est toujours plus facile de parler après coup et je n’ai plus envie d’évoquer le passé. À partir du moment où l’on fixe un prix, il faut s’y tenir. Sinon c’est la foire à tout et tu sais que tu peux partir à n’importe quel prix. Le club a été fort car on n’a pas cédé à des sommes qui n’étaient pas prévues au départ. Il faut voir Jessy comme une recrue et c’est quelque chose d’exceptionnel qu’il soit avec nous.
Vous côtoyez les joueurs quotidiennement, dans quel état d’esprit est Jessy Deminguet aujourd’hui ?
Sa réintégration s’est bien passée avec le groupe et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il revienne avec le bon état d’esprit. Il est plein de fraîcheur. Je pense qu’il n’a pas d’état d’âme et nous n’en avons pas avec lui. Si cela dure un an parce qu’il a envie de voir autre chose, cela durera un an. Si ça se passe bien et qu’il y a possibilité de voir plus loin… C’est un garçon intelligent et quelqu’un de bien. Il ne faut pas oublier qu’il n’a que 24 ans et sa situation a été complexe à gérer.
Juste avant sa signature à Auxerre, il s’est murmuré que Nuno Da Costa était proche de faire son retour à Malherbe. Pouvez-vous démêler le vrai du faux dans cette histoire ?
On avait un accord oral avec Nuno. Mais pour qu’on arrive à le signer, il fallait qu’il trouve un accord avec son club pour qu’il puisse être libéré. Mais entre le moment où il devait se libérer et celui où il devait être avec nous, il se passe des jours. Et Auxerre s’est manifesté dans ce laps de temps. Entre la Ligue 1 et l’aspect financier, c’est normal qu’il fasse ce choix là. Si Nuno avait trouvé un accord au 30 juin avec Nottingham, je pense qu’au premier juillet il était à Caen. Pour avoir parlé longuement avec lui et son agent, c’est avant-tout une question de timing.
« On avait un accord oral avec Nuno. S’il avait trouvé un accord au 30 juin avec Nottingham, je pense qu’au premier juillet il était à Caen. »
Yohan Eudeline
Passé tout proche d’un très gros coup.
Le remplacement de Nuno Da Costa a également fait partie des gros dossiers de ce mercato et Malherbe a cherché la perle rare jusqu’au 1er septembre. Finalement, personne n’est arrivé. Est-ce un regret pour vous ?
Faire un attaquant pour faire un attaquant, ça ne nous a jamais intéressé. Il fallait quelqu’un qui puisse accompagner Alex Mendy et nos attaquants déjà en place. Pour exister dans cette Ligue 2, il faut du monde. On trouvait que Nuno Da Costa avait le profil idoine au regard de ses caractéristiques de dribbles et de profondeur mais aussi car il connaissait bien le groupe. J’ai beaucoup de déception par rapport à ça car on trouvait que c’était le parfait équilibre pour notre équipe. Mais on a tout donné sur ce dossier.
Plusieurs noms ont circulé pour le remplacer. On nous souffle dans l’oreillette que le club aurait souhaité attirer le brestois Irvin Cardona dans les derniers jours du mercato…
On avance sur des profils. Parfois, la presse s’empare de ces noms mais on ne va pas les commenter à chaque fois. On travaille sur des joueurs qui ont les caractéristiques pour nous rejoindre et qui peuvent être en manque de temps de jeu. Cardona, ça peut être un nom. Sissoko, qui a signé à Sochaux, aurait pu être un nom. Krasso aussi. On a travaillé sur des profils, mais ça n’a pas été au bout pour différentes raisons.
Peut-on envisager un joker ou le club attendra-t-il le mercato hivernal pour se renforcer ?
Encore une fois, on ne veut pas faire un joueur pour faire un joueur. Ça a toujours été le discours vis à vis du coach mais on est quotidiennement dans la réflexion car la saison est longue. Le but, c’est de travailler en vue du mercato hivernal. On verra au fil du temps si on doit se renforcer en défense, au milieu ou en attaque.
« Cardona, ça peut être un nom. Sissoko, qui a signé à Sochaux, aurait pu être un nom. Krasso aussi. On a travaillé sur des profils mais on n’a pas été au bout pour différentes raisons. »
Yohan Eudeline
Évoque certaines pistes explorées en attaque.
Finalement, le plus gros coup du mercato est peut-être d’avoir réussi à conserver Ali Abdi ? Il paraît que même l’OM a passé un coup de fil…
On a aussi réussi à garder Alex Mendy, Ibra Cissé, Jessy Deminguet… C’est important de le souligner, mais le président et les actionnaires ont fait un bel effort pour qu’Ali reste avec nous, car il était très sollicité. Il était à l’écoute des propositions extérieures et c’est normal car il arrive à un âge où il voulait découvrir la Ligue 1. On lui a fait comprendre que notre projet pouvait être intéressant pour lui et on a réussi à trouver un accord dans les derniers jours du mercato.
Concernant les prolongations, êtes-vous en mesure de nous annoncer des bonnes nouvelles concernant Godson Kyeremeh et Ibrahim Cissé ?
Je peux simplement dire qu’on est très proche d’un accord avec Godson et que les négociations se poursuivent pour Ibra.
Pour finir, les jeunes joueurs de l’épopée Gambardella peuvent-ils être amenés à être prêtés pour emmagasiner de l’expérience en National 1 par exemple ?
On demande à Nico de former nos jeunes joueurs, sans pression de résultats. Par contre, il faut que les joueurs progressent. Aujourd’hui, quand tu as 17 ans, que tu t’entraînes avec les professionnels et que tu joues le week-end en National 2, je trouve que c’est très formateur. Ça a été très vite pour Johann Lepenant, mais on ne peut pas aller aussi vite avec tout le monde. Il y a des joueurs qui le comprennent très bien. Pour d’autres c’est un peu plus dur car ils sont peut-être un peu impatients. Mais on ne vend de rêve à personne.