Pendant le confinement, Malherbe inside replonge dans les anecdotes qui ont marqué l’histoire du Stade Malherbe. Cette semaine, retour sur le jour où Jean-Michel Aulas a fait constater la pelouse de d’Ornano par un huissier de justice !
« Le Stade d’Ornano n’était pas un green de golf ce soir-là »
La pelouse du Stade Michel d’Ornano n’a pas toujours été le billard qu’elle est aujourd’hui. Le 4 mars 2005, à l’occasion de la 28e journée du championnat de France, le Stade Malherbe reçoit l’Olympique Lyonnais sur un terrain en piteux état. Des conditions qui avantagent logiquement les Caennais, tout juste promus en Ligue 1, face aux leaders incontestables et incontestés de la compétition. Mais devant l’état de la pelouse, l’Olympique Lyonnais souhaite que la rencontre soit reportée à une date ultérieure. Dans un de ses faits d’armes les plus légendaires, Jean-Michel Aulas fait constater l’état de la pelouse par un huissier de justice avant le début de la rencontre. Le président lyonnais pose également une réserve et ira même jusqu’à menacer de porter l’affaire devant le Conseil national de l’éthique.
Joint par téléphone, l’arbitre de la rencontre Bruno Derrien se souvient : « Il est vrai que le Stade d’Ornano n’était pas un green de golf ce soir-là. Le jour du match, j’avais été me rendre compte de l’état du terrain à midi. Les entraîneurs étaient là. Patrick Rémy voulait jouer, pas Paul Le Guen. Le terrain était certes boueux mais le ballon rebondissait. Je me souviens avoir vu l’huissier faire le tour du terrain derrière le grillage. Mais c’est à l’arbitre que revient le dernier mot, du moins cela fonctionnait comme ça à l’époque. J’ai pris la décision de faire jouer le match en mon âme et conscience et je n’ai subi les pressions de personne. » Le match ira finalement bien à son terme et le résultat sera entériné.
Les Caennais s’imposent, Aulas enrage
Et parce que cela n’aurait pas été aussi savoureux, ce sont évidemment les Caennais qui vont s’imposer. Les joueurs de Patrick Rémy trouvent la faille à 20 minutes du terme grâce à son duo magique Cyril Watier – Sébastien Mazure. Sur un centre du premier, le second contrôle et effectue un magnifique double contact pour éliminer deux joueurs lyonnais, avant de tromper Grégory Coupet d’une frappe à ras de terre. Auteur de cinq des six buts caennais en ce début d’année 2005, Mazure marche sur l’eau et finira la saison avec 13 réalisations, avant d’être transféré à Saint-Etienne en fin de saison. « Pour ma part, je n’avais jamais évolué sur une telle pelouse. Mais ce n’est pas une excuse. Caen mérite sa victoire et n’a pas gagné à cause de ça » s’exprimera Juninho à la fin de la partie.
Loin du fair-play de son milieu de terrain, Jean-Michel Aulas laisse éclater sa colère au micro de Canal+ : « On transforme un match de football en partie de poker menteur. J’ai fait constater par huissier l’état du terrain avant la rencontre et je demande à être entendu par la commission d’éthique, avec l’arbitre et le délégué du match. Sur ce terrain, il y avait plus de mottes de terre retournées que de bouts d’herbe. Pour les télévisions, qui investissent beaucoup d’argent dans le football, c’est simplement une parodie de spectacle. L’arbitre s’est entêté, étonnamment, sous la pression amicale des Caennais qui voulaient jouer ce match. On a perdu, la France du football doit être contente car ça relance le championnat, mais j’aurais préféré perdre dans des circonstances honnêtes. » Mais cette victoire controversée ne permettra pas aux Caennais d’éviter la relégation en fin de saison. Ni aux Lyonnais d’empocher leur quatrième titre consécutif.
SM Caen 1-0 Lyon (28e journée de Ligue 1, 04/03/2005)
Buteur : Sébastien Mazure (71e)
Le onze de départ : Vincent Planté – Nicolas Seube, Aziz Ben Askar, Frédéric Danjou, Ibrahima Faye, Ronald Zubar, Anthony Deroin, Steve Dugardein, Reynald Lemaître, Yohann Eudeline, Sébastien Mazure.