Le Stade Malherbe arrive-t-il déjà à un tournant de sa saison ?

Alexis BEKA BEKA

Après deux résultats décevants face à Châteauroux (match nul 1-1) et Pau (défaite 1-0), soit deux équipes programmées pour jouer le maintien, les Caennais vont tour à tour recevoir Grenoble (2e) et Troyes (3e), deux candidats à la montée, qui marchent sur l’eau depuis plusieurs semaines. L’occasion de savoir quelles ambitions peut réellement nourrir cette équipe. 

Il y a une semaine, tout allait bien pour le Stade Malherbe. Après une victoire à la dernière seconde contre Nancy, les joueurs de Pascal Dupraz enchainaient en s’adjugeant un précieux succès dans le derby face au Havre. Et tant pis si le contenu était poussif pendant plus de 75 minutes : « Un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne ». Soit. Mais ce succès dans les dernières minutes rappelait déjà les victoires étriquées contre Guingamp et Nancy. Deux rencontres qui avaient révélé chez cette équipe caennaise des capacités mentales incontestables, mais également des lacunes flagrantes dans le jeu. Bien qu’on ne puisse pas l’amputer aux joueurs, cette force de caractère est insuffisante sur le long terme si elle n’est pas accompagnée de certitudes dans le jeu. Et si Pascal Dupraz, qui a fait des ressorts mentaux sa spécialité, a certainement une grande part dans ses succès de dernières minutes, la responsabilité du jeu produit par son équipe lui incombe également.

Pascal Dupraz, un projet de jeu en question

Or, c’est là que le bas blesse. Au fur et à mesure des matchs, Malherbe ne convainc pas dans le contenu. Face à Pau, les Caennais n’ont cadré qu’un seul tir, égalant leur triste record de la saison, déjà établi lors des matchs contre Chambly (0-0) et à Valenciennes (1-0). Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Tactiquement d’abord, où Pascal Dupraz alterne entre le 4-3-3, le 4-4-2 voire le 4-2-3-1 depuis le début de saison. Mais également dans le choix des hommes : l’entraîneur caennais ne cesse de louer l’état d’esprit de son équipe qu’il considère comme un vrai groupe homogène et n’hésite pas à changer régulièrement son onze de départ pour garder tout le monde concerné. Peut-être que cette force est également un frein à la recherche d’automatismes offensifs. Car quelque soit le système ou les joueurs utilisés, les Caennais semblent incapables d’apporter de la variété pour déséquilibrer leurs adversaires. Et les situations sont souvent débloquées par la qualité individuelle de Yoann Court, qui serait bien inspiré de ne pas se blesser au vue de son importance dans l’équipe.

Le dernier déplacement sur la pelouse de Pau a cristallisé les carences offensives de l’équipe. Opposé à une équipe bien regroupée derrière, Malherbe a été incapable de trouver des solutions face à un bloc bas, comme souvent depuis le début de saison. Si les Caennais ont effectué un grand nombre de passes (528, deuxième plus grand total de la saison après le match contre Châteauroux le week-end dernier), ils le doivent en grande partie à leurs deux défenseurs centraux, qui ont multiplié les allers-retour latéralement, avant d’être contraints d’allonger vers Yacine Bammou ou Nicholas Gioacchini. La faute à un manque de mouvement au milieu, notamment  : « On a trop abusé du jeu long en partant de derrière. Il aurait fallu plus faire courir cette équipe » reconnaissait Jonathan Rivierez après la rencontre.

Une invincibilité à l’épreuve des gros

Mais alors, comment déséquilibrer un bloc pas ? Passer par les côtés pour étirer le bloc, tirer de loin, varier le jeu… Si Malherbe exploite plutôt bien la première option lors des derniers matchs (26 centres contre Le Havre, 27 contre Châteauroux, soit les deux records de la saison), les centres sont souvent imprécis et le jeu trop stéréotypé. Les statistiques sont implacables : Caen est l’une des équipes qui frappe le moins au but cette saison (8,62 tirs en moyenne par match, 16e équipe de Ligue 2) et qui trouve le moins bien ses attaquants (seulement 1,88 passes amènent une frappe par match, 18e total de Ligue 2). Le retour de Caleb Zady Sery pourrait aussi aider à briser des lignes, comme il l’a fait en fin de match face au Havre. Mais il existe une condition sine qua non pour entrevoir des cheminements offensifs : faire preuve de justesse technique. Lors des deux dernières rencontres, l’équipe a eu beaucoup trop de déchets dans l’utilisation du ballon. Pascal Dupraz en est conscient. Lui qui avait invité les joueurs à se lâcher avant le match face à Pau a regretté les nombreuses imprécisions de ses troupes : « Il y a eu trop d’erreurs techniques qui nous ont obligé à courir derrière le ballon. Parfois, on rajoute des surfaces de contacts, des contrôles, des geste qui sont extrêmement polluant pour la conduite de notre jeu offensif. » 

Jusqu’à présent, le Stade Malherbe est toujours invaincu au stade Michel d’Ornano, avec quatre victoires (Ajaccio, Amiens, Guingamp, Nancy) et deux nuls (Chambly, Châteauroux). Mais les joueurs de Pascal Dupraz, qui s’apprêtent à recevoir deux cadors du championnat en deux semaines, n’ont jamais gagné face à un adversaire mieux classé qu’eux. Pire, ils se sont même vus infligés deux sévères défaites sur la pelouse de Niort (3-0) et du Paris FC (3-1). Face à Grenoble et Troyes, les Caennais seront confrontés à deux équipes ambitieuses. L’occasion de laisser le ballon à leurs adversaires pour mieux les presser et profiter des espaces pour contre-attaquer ? Ce fût le cas lors des 30 premières minutes face au Paris FC à Charléty, où Malherbe aurait pu mener au minimum 2-0 en étant un petit peu plus adroit dans le dernier geste. Une chose est sûre, on en sûrement plus sur le réel potentiel de l’équipe à la fin de ses deux rencontres…

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