Ronny Rodelin : « Ce but au Parc des Princes, un des moments les plus forts de ma carrière »

ronny rodelin

Malherbe s’apprête à défier le PSG en 32e de finale de Coupe de France (mercredi, 21h05). Un adversaire qui a parfois souri aux Caennais, comme lorsque le SMC avait décroché son maintien au Parc des Princes à l’occasion de la 38e et dernière journée, grâce à un but Ronny Rodelin dans le temps additionnel. Entretien avec le héros de ce 20 mai 2017. 

Dans quel état d’esprit est-on quand on doit aller jouer son maintien sur la pelouse du champion de France ? Est-ce qu’en tant que joueur, on pense déjà aux barrages ou l’on se dit qu’il y a une carte à jouer ?

À ce moment-là, on pense forcément à toutes les éventualités. On joue quand même le PSG, on sait que c’est une équipe qui domine le championnat. Beaucoup d’équipes seraient parties dans un état d’esprit négatif avant d’aller jouer un match décisif à Paris. Nous, on a abordé ce match avec quelques doutes, parce qu’on venait de passer une saison compliquée, mais je ne vais pas dire qu’on était freiné par la situation. On savait qu’on avait un coup à faire sans non plus déborder d’optimisme.

À la mi-temps, vous n’êtes menés que 1-0 et Paris n’est pas particulièrement dans un grand soir. Est-ce que ce n’est pas à ce moment là que l’équipe prend conscience qu’il y a peut être quelque chose à faire ? Et aviez vous un oeil sur le résultat de Lorient ?

Je ne sais pas ce qu’il se passait dans la tête de mes coéquipiers, mais personnellement pendant le match, je ne cherchais pas à savoir ce qu’il se passait autour et quel était le score à Lorient. Je me concentrais sur ce qu’il se passait sur le terrain. Je ne vais pas dire que c’était un match comme un autre, mais l’objectif était de vivre l’instant présent, afin de tout mettre en oeuvre pour faire la meilleure prestation possible. C’était le dernier match de la saison. Si on avait joué 100 minutes, il aurait fallu y croire jusqu’à la 100e minute.

Vient ensuite ce penalty manqué à 15 minutes de la fin… Que se passe-t-il à ce moment-là dans ta tête ? Est-ce que tu te dis que tu viens de louper l’occasion ou jamais ?

C’est difficile car je savais que ça pouvait être le tournant du match. Sur le moment, je suis déçu mais j’essaye de ne pas le montrer. Je me rappelle même que Serge Aurier était venu me voir pour me demander si ça allait. Je lui ai répondu sereinement : « Ouais ouais, t’inquiètes, pas de soucis. » Et puis j’ai essayé de me remettre dedans. Sur les occasions d’après, je tente une frappe de super loin, puis une reprise de volée… Ça ne m’a pas pour autant fait baisser les bras, j’avais un côté revanchard. Et puis, on m’a dit après le match que j’avais sans doute bien fait de rater ce penalty, parce que si j’avais marqué à un quart d’heure de la fin, la physionomie du match aurait pu être différente. Le PSG aurait peut-être poussé davantage et marqué un deuxième but… Alors que là, avec ce but dans le temps additionnel, on n’a pas eu le temps de trop souffrir.

Justement, venons-en à ce fameux but. Est-ce que tu peux nous décrire un petit peu l’action ? Et ta réaction après l’égalisation ?

J’ai une action dans l’axe, je veux écarter sur Vincent (Bessat ndlr), mais un défenseur parisien intercepte. Après, Manu Imorou a la bonne idée de presser et récupère le ballon avant de décaler Delaplace. J’avais un coach qui me poussait souvent à aller dans les 16 mètres, du coup j’essaye d’anticiper en courant tout droit dans la surface. Je reçois un centre avec rebond, j’ai la chance d’arriver lancé et d’être bien placé à ce moment là. Comme on m’a toujours dit que la plupart des buts marqués dans la surface le sont à une touche de balle, j’essaye de la prendre en une, du mieux possible. J’ai le bonheur que ça termine au fond des filets. Il faut savoir qu’à ce moment là, ce n’est pas tout de suite l’explosion de joie, car je n’étais au courant d’aucun résultat. Je ne savais pas que c’était le but du maintien, mais je profitais du moment présent.

Quel souvenir gardes-tu de ce but aujourd’hui ?

C’est un des moments les plus forts de ma carrière. C’est le genre de match qui marque un joueur et aide à forger son caractère. On a connu une saison assez compliquée, lors du match on court après le résultat pendant 80 minutes, on a un fait de jeu défavorable avec ce penalty… On dit souvent que les sports de haut niveau se jouent au mental, et là, on en a eu la preuve. Tenir toute une saison galère et réussir à se maintenir dans les dernières minutes face au PSG au Parc des Princes, ce sont des moments que je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre, car le scénario tourne en notre faveur. Dans le cas contraire, ça aurait pu aussi beaucoup nous marquer mais pas de la même manière, évidemment.

À la fin du match, tu déclares au micro de Canal que tu es content d’être maintenu mais que tu es déçu parce que tu n’as pas réussi à atteindre la barre des 10 buts, à cause de ce penalty loupé. Tu étais vraiment sérieux ou c’était une blague ?

Non, j’étais sérieux ! Tu sais pourquoi ? Parce que j’étais dans mon match et je ne pensais pas à ce qu’il se passait autour. J’essayais de faire abstraction de l’enjeu pour ne pas me mettre dans une atmosphère négative, et je suis resté dans cet état d’esprit à la fin du match. J’avais du mal à réaliser. J’avais aussi faim de marquer des buts et d’avoir des stats. La saison dernière, j’avais marqué 10 buts donc je voulais réitérer la performance cette saison là. Et j’ai pensé à ça sur ce moment là. Pas parce que je ne pensais qu’à moi, mais parce que j’étais dans cette volonté d’être décisif et de vouloir marquer pour mon équipe.

Est-ce que tu te souviens des premiers moments quand vous êtes retournés aux vestiaires ? Il parait que certains joueurs étaient émus aux larmes.

J’ai de bons souvenirs de ces moments là, on était dans une espèce d’euphorie. On parle souvent des montées, mais le maintien c’est aussi quelque chose de fabuleux à vivre. À ce moment là, tu repenses à toutes les galères que tu as connu au cours de la saison. Il y a eu de la joie, il y a eu des pleurs. Je me suis toujours dit que je faisais ce métier pour vivre ce genre d’émotions. Ce sont des instants qui marquent à vie. C’était une délivrance pour tout le monde. J’étais content pour le groupe et le staff, car c’est l’aboutissement de tout un travail collectif. C’est quand j’arrive dans le vestiaire à la fin du match et que je vois les émotions du président Fortin, du coach Garande et des joueurs que je réalise qu’on vient de faire quelque chose de fort.

Et après le match, comment on fête un maintien au Parc des Princes ?

Après le match, on a dansé dans le vestiaire évidemment. On a mangé des pizzas mais on avait trois heures de bus à faire pour rentrer. J’ai reçu plein de messages. J’étais heureux de vivre ces moments là mais je repensais à la saison et me disais qu’on aurait pu éviter de se faire peur de la sorte. Même si ce n’est pas plus mal de se maintenir dans ces circonstances, finalement. Le lendemain, on s’est tous réunit chez un joueur, on a refait le match et la saison, on a profité tous ensemble.

Plus généralement, quel souvenir gardes-tu de tes trois saisons passées au Stade Malherbe ? 

Je garde uniquement des bons moments avec le Stade Malherbe. Je n’ai pas de mauvais souvenirs avec ce club, car les moments difficiles m’ont toujours permis de me remettre en question et d’aller de l’avant. Je pense que mon passage à Caen coïncide avec la période où j’ai excellé dans le haut niveau en France. Je jouais souvent, j’étais davantage régulier et j’arrivais à exploiter au maximum mon profil et mes qualités sur le terrain. J’ai eu la chance d’avoir un coach qui croyait en mes qualités et avec qui je partageais la même philosophie de jeu. Ça a changé mon approche des matchs, il m’a aidé à franchir un cap. Dès mes premières rencontres, j’ai été décisif et ça m’a aussi aidé à avancer.

Il y avait un groupe sympa, tu as gardé quelques contacts avec des joueurs de l’époque ?

J’ai toujours quelques contacts, même si le foot nous amène à prendre des chemins différents. C’était un super groupe, je parle encore avec pas mal de joueurs comme Manu Imorou, et les réseaux nous permettent de suivre à distance ce que font les copains dans leur carrière. Même s’il y a eu du changement à Caen, j’ai encore beaucoup de bonnes relations avec les gens du club aujourd’hui.

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