Après 10 ans à Angers, le duo Pickeu – Moulin peut-il également réussir à Caen ?

(crédit photo : Ouest-France)
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Il y a dix ans, Olivier Pickeu confiait les rênes de l’équipe première du SCO d’Angers à Stéphane Moulin, avec la réussite que l’on connaît. Depuis vendredi dernier, les deux compères sont à nouveau réunis sous les couleurs du Stade Malherbe. Avec, on l’espère, autant de réussite…

Le SM Caen pouvait-il rêver mieux pour mener à bien son nouveau projet ? Stéphane Moulin, c’est dix ans et 416 matchs passés sur le banc angevin, une montée, une finale de Coupe de France et six maintiens en Ligue 1. Autant dire que son arrivée à Caen, 17e de Ligue 2 la saison dernière, n’aurait pas été permise sans la présence de son ancien mentor Olivier Pickeu : « J’ai vécu de belles années à Angers avec Stéphane. Aujourd’hui, c’est un honneur pour moi de pouvoir le faire venir dans mon club de coeur » déclarait le président caennais lors de la conférence de presse. Les discussions ont commencé au mois de mars dernier, quand Stéphane Moulin annonçait contre toute attente son départ du SCO d’Angers à l’issue de la saison : « Depuis le début de l’année, je me posais la question de ma dernière année de contrat. Cette réflexion a progressivement mûrie et j’ai décidé d’arrêter en fin de saison. J’ai ressenti cette année comme très difficile et éprouvante. » 

Olivier Pickeu et Stéphane Moulin, lors des débuts du second à la tête de l’équipe première en 2011.

 

Quelques jours plus tôt, Pascal Dupraz était licencié de son poste d’entraîneur par le Stade Malherbe. Forcément, le rapprochement entre Caen et Moulin est immédiatement fait par la presse et les supporters. À raison, puisque c’est à ce moment là qu’Olivier Pickeu décroche son téléphone pour tenter de convaincre son ancien protégé de le rejoindre. Et pourtant, malgré le ton affirmatif de plusieurs journaux, Stéphane Moulin assure qu’il n’a donné son accord définitif que mardi soir : « J’ai eu la possibilité de rejoindre une équipe de Ligue 1. C’était une décision importante pour moi, il m’a fallu tout ce temps pour réfléchir et pour savoir où j’avais réellement envie de travailler. Et surtout avec qui. » Un clin d’oeil évident à son ancien manager général, à qui il a décidé de rester fidèle, alors que Brest lui faisait les yeux doux depuis le départ d’Olivier Dall’Oglio.

Un juste renvoi d’ascenseur ?

L’idylle entre les deux hommes commence en juin 2011, quand Olivier Pickeu confie les rênes du SCO d’Angers à Stéphane Moulin, alors entraîneur de l’équipe réserve. À l’époque, le nouveau coach caennais n’a ni l’expérience du football professionnel, ni les diplômes nécessaires pour entraîner à ce niveau. Pourtant, Pickeu est convaincu de faire le bon choix : « Jean-Louis Garcia entraînait l’équipe depuis cinq ans et m’avait demandé de partir à Lens. Je convoque Stéphane en lui disant que je pense qu’il est l’homme idoine pour prendre le projet. Il est étonné que je lui demande. Personne n’a imaginé une seule seconde qu’il puisse être l’homme de la situation. Lui non plus. Mais pour moi, c’était une évidence » explique-t-il dans les colonnes de Ouest-France.

Le duo au sommet de son art, lors de la finale de Coupe de France face au PSG en 2017.

 

Il faut dire qu’Angers n’a pas les moyens de faire venir un coach de l’extérieur, puisque le club est dans une situation financière très compliquée. Tant est si bien qu’il va même être rétrogradé en National à titre conservatoire par la DNCG, gendarme financier du football français : « Au moment de partir en stage, Olivier vient nous voir en nous disant qu’il avait une mauvaise nouvelle et qu’on était relégués en National. Ça ne faisait pas partie du programme… » se souvient Stéphane Moulin. Finalement, le club s’en sort avec une interdiction de recrutement après avoir fait appel, et termine la saison à une honorable 11e place.

Succès et fin de l’ère Pickeu à Angers

Après quatre années en Ligue 2, Stéphane Moulin et Olivier Pickeu réussissent leur pari de faire remonter le SCO en première division à l’issue de la saison 2014-2015. Et ce pour la première fois depuis 22 ans ! L’année suivante, le surprenant promu sera longtemps au coude à coude avec… le SM Caen de Patrice Garande sur le podium de Ligue 1. Mais le succès angevin ne s’arrête pas là : alors que Malherbe lutte jusqu’à la dernière journée pour se maintenir avant de finir par descendre, Angers assure tranquillement son maintien chaque année. La réussite est aussi bien sportive que financière, puisque le club revend à prix d’or ses talents dénichés pour peau de chagrin. Parmi eux, on retrouve notamment Nicolas Pépé, Cheikh Ndoye, Karl Toko Ekambi ou Jeff Reine-Adélaïde.

Le binôme reformé à Caen le 4 juin 2021, dix ans après ses débuts à Angers.

 

Mais du jour au lendemain, tout va brusquement s’arrêter. En avril 2020, Olivier Pickeu est licencié pour faute grave par son club, qui lui reproche notamment un dénigrement envers son président et… son entraîneur. Des accusations toujours réfutées par l’intéressé qui s’en défendra prochainement devant les tribunaux. Du côté de Stéphane Moulin, la pilule est difficile à avaler : « Disons que c’était surprenant. Et l’inquiétude est devenue une interrogation : je me demandais comment on allait fonctionner, je voulais savoir comment ça se passerait avec les nouvelles personnes en place. Quand cette décision est tombée, elle m’a bousculé. » Finalement, l’emblématique entraîneur du SCO tiendra un peu plus d’une saison, avant de jeter l’éponge pour reformer son binôme avec Olivier Pickeu. « C’était devenu trop difficile à Angers », confiait-il vendredi à la fin de sa conférence de presse.

« Hors de question de photocopier » le modèle angevin

À Malherbe, Stéphane Moulin débarque également avec une grande partie de l’équipe technique qu’il côtoyait à Angers. Pour autant, pas question de faire un copier-coller : « Je préfère l’original à la photocopie, il est hors de question de photocopier ce qu’on a fait ailleurs. C’est un autre cadre, un autre esprit, une autre manière de voir les choses, de jouer au football peut-être ». Le staff angevin va-t-il se réinventer ? Il conservera tout de même ses grands principes : « Je ne suis pas quelqu’un qui parle énormément, je préfère les actes » poursuit Moulin. « Par contre, je peux déjà annoncer qu’il y aura du travail, de la rigueur, de l’exigence pour que chacun puisse s’exprimer dans les meilleures conditions et pour essayer de tirer la quintessence de ce groupe. » S’ils sont conscient que Rome ne s’est pas faite en un jour, tous les supporters caennais ont hâte de voir le résultat…

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