Younn Zahary : « Fabien Mercadal avait besoin d’un peu de grinta derrière »

crédit photo : Dave Winter - Icon Sport
crédit photo : Dave Winter - Icon Sport

Le déplacement des Caennais en terre paloise (samedi 19h) constituait l’occasion parfaite pour prendre des nouvelles de Younn Zahary : le jeune défenseur a connu la Ligue 1 avec le Stade Malherbe et la montée en Ligue 2 avec le Pau FC. Il nous raconte ses souvenirs dans les deux clubs, les raisons de son départ de Caen et son extraordinaire CAN avec les Comores.

Malherbe inside – Tu as une trajectoire assez particulière, puisqu’en jeunes tu évolues à Carquefou, dans un club amateur, et tu ne rejoins le SM Caen qu’à 18 ans. Tu commences par un an en U19, puis tu fais un an avec la réserve en N3, où tu joues très peu.

Younn ZAHARY – Le contexte et le rythme étaient différents de ce que j’avais connu jusque là, puisque le SM Caen est un club professionnel. Je suis arrivé sur le tard, j’étais à Carquefou où on s’entraînait deux ou trois fois dans la semaine, et là je m’entraînais presque deux fois par jour. C’était un peu compliqué au début mais j’ai su m’adapter. Pendant ma deuxième année à Caen, quand j’étais avec la réserve, j’ai connu quelques moments difficiles. Et je tiens à souligner le travail de Robert Boivin, le seul coach qui croyait vraiment en moi. Il me faisait faire beaucoup de spécifique à côté, dans l’ombre. Il était présent et ça m’a beaucoup aidé.

Tu t’accroches et finalement tu intègres le groupe pro dès la saison suivante. Tu vis tes débuts professionnels à Strasbourg en décembre 2018, et ta première titularisation en Coupe de France à Viry-Châtillon en janvier 2019. Tout s’est enchaîné très vite pour toi !

J’ai tapé dans l’œil de Fabien Mercadal qui m’a repéré, et que je remercie beaucoup. J’étais blessé en début de saison, je suis revenu en septembre avec la réserve et j’ai enchaîné quelques matchs. Puis on m’a informé qu’il était satisfait de mes performances, et qu’il voulait me voir à l’œuvre en amical, pendant la trêve de novembre contre la réserve du PSG. Ma détermination et mes qualités défensives lui plaisaient, et il m’a fait comprendre qu’il avait besoin de ça, d’un peu de grinta derrière. Ensuite j’ai fait des groupes avec les pros, et je suis resté avec eux toute la fin de saison.

Le grand public te découvre début mars, contre le Paris-Saint-Germain. Comment réagis-tu quand tu apprends que tu vas être titulaire pour la première fois en Ligue 1 face au PSG ?

J’étais choqué ! C’est Rolland Courbis qui me l’a annoncé la veille. Il m’a dit que j’allais être titulaire, qu’il fallait que je dorme comme tous les jours, que je sois bien concentré. Il me conseillait d’aborder ce match comme les autres, et il m’assurait que ça allait bien se passer. C’était émouvant, rien que le fait d’y repenser là, ça me donne des frissons ! J’ai eu un début de parcours compliqué à Caen, j’ai peu joué en U19 et en réserve, alors me dire que j’allais jouer le lendemain contre le PSG… Forcément ça m’a mis un petit stress. Mais il a été positif.

Tu fais un match très sérieux, même si malheureusement tout le monde retient surtout cette main qui coûte un penalty et l’égalisation… Quels souvenirs gardes-tu du match ?

Justement je garde cette main (rires). Depuis je colle mes mains derrière le dos, aujourd’hui encore. Il faut aussi faire des erreurs pour apprendre et pour avancer. Ce match m’a permis de grandir, donc je n’ai pas de regret. C’était un beau moment et je suis content de l’avoir vécu, pour moi et aussi pour ma famille et mes proches. C’était une grande fierté pour eux de me voir à la télévision contre le PSG.

« J’ai eu un début de parcours compliqué à Caen, j’ai peu joué en U19 et en réserve, alors me dire que j’allais jouer le lendemain contre le PSG… Forcément ça m’a mis un petit stress. »

Younn Zahary
Débutant dans le grand bain.



À partir de là tu intègres la rotation en Ligue 1, tu participes à tous les matchs sauf le dernier, et tu réponds présent sur le terrain. Comment as-tu vécu cette fin de saison ?

C’était compliqué pour nous, mais j’essayais de faire abstraction de tout ça et d’apporter un plus à l’équipe grâce à mes qualités. Je sentais qu’avec ce groupe nous pouvions faire quelque chose, nous avions quand même une belle équipe. Malheureusement nous n’avons pas réussi à rester en Ligue 1, mais j’en garde de bons souvenirs. Souvent un jeune intègre un groupe professionnel quand tout se passe bien, pour moi ce n’était pas trop le cas… Mais dans ma tête tout allait bien, car j’étais dans le groupe pro. Il s’est passé ce qu’il s’est passé, mais à titre personnel je suis très content d’être passé par là. Avec le recul c’est une très belle expérience.

Après la relégation, le public caennais te voit comme l’avenir du club à ton poste, et tout le monde s’attend à ce que tu aies ta chance en Ligue 2. Pourtant le club recrute Anthony Weber et Jonathan Rivierez, et tu disparais petit à petit de la circulation… Comment l’expliques-tu ?

Je ne sais pas non plus. En fin de saison, le club a organisé une petite réunion entre tous les joueurs qui avaient joué en Ligue 1, avec moi, Evens Joseph, Thomas Callens, Yoël Armougom et d’autres. Ils nous ont fait comprendre que nous étions l’avenir du club, et que nous allions être des éléments importants durant la saison à venir, donc qu’ils avaient besoin de nous. J’ai participé à tous les matchs de préparation, puis Anthony Weber est arrivé et a commencé à jouer titulaire, et à force j’ai compris que je ne serais pas le numéro 1 au poste. J’ai participé à quelques matchs en Ligue 2 et en Coupe de la Ligue avec Rui Almeida, puis je me suis fait une petite blessure à l’entraînement, le coach a changé et on était presque à la moitié de saison quand je me suis complètement remis. Pascal Dupraz m’a fait comprendre qu’il ne me connaissait pas très bien et qu’il allait voir au fil du temps, avec les entraînements. Mais il ne me restait plus que la fin de saison pour jouer et je ne voulais pas perdre de temps. Donc je suis parti à Pau.

Tu arrives à Pau en janvier 2020, en National. Bruno Irlès te fait confiance, tu engranges du temps de jeu, vous jouez un huitième de finale de Coupe de France, vous décrochez la montée… Ce premier prêt a dû être une super expérience ?

Je remercie encore Bruno Irlès, qui m’a beaucoup aidé et m’a tenu un bon discours pour me convaincre de venir. Il était intéressé par mon profil et il avait besoin de mes qualités pour le National. Forcément je me suis dit : après la Ligue 1 et la Ligue 2, maintenant le National… C’est vrai que j’avais commencé directement dans le grand bain, mais j’étais un jeune joueur et j’avais besoin de jouer. Donc j’ai relevé le défi, je me suis retrouvé à Pau et nous sommes montés en Ligue 2. C’était une très belle expérience à titre personnel, comme ce que j’avais pu vivre en Ligue 1 à l’époque. D’ailleurs mon premier match avec Pau était contre Bordeaux, donc ça m’a rappelé des bons souvenirs de la Ligue 1 ! Le club était allé loin en Coupe de France avant que j’arrive, et je me suis retrouvé face à des équipes de Ligue 1 puisque j’ai rejoué le Paris-Saint-Germain… Cette demi-saison a été bénéfique pour moi, pour le groupe, pour tout le monde.

Tu rentres à Caen après ce très bon prêt, on s’attend à te voir intégrer la rotation, mais Malherbe ne compte toujours pas sur toi.

Cette période a été compliquée, car le club ne me faisait pas vraiment confiance. Mais ça ne me posait pas de souci, j’avais pas mal de clubs sur moi après la montée. J’ai voulu retourner au Pau FC, ils m’ont fait comprendre que j’allais avoir du temps de jeu. Déjà avant la montée, le président m’avait dit que ce serait bien que je revienne. Le départ de Bruno Irlès m’a fait quelque chose, parce qu’il m’avait beaucoup apporté et que j’étais allé à Pau grâce à lui. Mais je me suis dit que le mieux pour me relancer et espérer de meilleures propositions, c’était de faire une bonne saison en Ligue 2. J’avais déjà goûté à la Ligue 1 et au National, donc je devais essayer de faire de bonnes performances au niveau intermédiaire. En plus je jouais dans le même championnat que Caen, c’était l’occasion de se montrer.

Tu retournes donc en prêt à Pau, pour toute la saison 2020-2021. Mais tu joues beaucoup moins, tu disparais même des feuilles de match à partir de février. Qu’est-ce qui s’est passé ?

J’ai moins joué, c’est comme ça, c’est le football. Le coach (Didier Tholot, toujours en poste, ndlr) a fait ses choix, et même s’il y avait d’autres clubs sur moi, je ne regrette rien du tout. Je me retrouverai peut-être de nouveau dans cette situation un jour dans ma carrière mais je sais ce que je vaux, je ne me fais pas de souci.

« Pascal Dupraz m’a fait comprendre qu’il ne me connaissait pas très bien et qu’il allait voir au fil des entraînements. Mais je ne voulais pas perdre de temps. Donc je suis parti à Pau. »

Younn Zahary
Impatient de fouler les terrains.



L’été dernier, il te reste un an de contrat et Caen cherche à te vendre. On s’attend à te voir partir en Ligue 2 ou à l’étranger, finalement tu signes à Cholet en National 1. Pourquoi ce retour en National, et pourquoi à Cholet ?

J’étais en manque de temps de jeu et dans ma réflexion je ne voulais pas quitter la France, surtout que j’étais dans l’obligation de jouer pour aller à la CAN. Le niveau National était validé, puisque j’avais déjà connu une montée en Ligue 2, mais je suis retourné en National parce que je voulais jouer. J’avais eu des échos de Cholet, on m’a assuré qu’ils faisaient jouer les jeunes, et j’ai reçu un bon discours du directeur sportif Yasine Kernou et du coach Richard Déziré (passé par Avranches ou Le Mans, ndlr). Ils étaient intéressés par mon profil et je rentrais dans leur philosophie de jeu, donc j’ai relevé le défi. En plus, ce n’était pas la priorité mais contrairement aux autres clubs où je suis passé, je ne suis pas très loin de ma famille qui est à Nantes. Quand j’ai quitté Carquefou pour aller à Caen, ne plus vivre aux côtés de ma mère avait été un peu compliqué.

Cette saison tu enchaînes les matchs, vous êtes en milieu de tableau. Tout se passe bien pour toi à Cholet ?

Oui, ça se passe bien. L’objectif principal du club c’est le maintien, donc on va tout faire pour, et après on verra. On se débrouille pas mal, mais il faut qu’on continue de travailler. Le National est un championnat très compliqué, ça peut aller très vite dans le bon sens comme dans le mauvais, et c’est toujours difficile de se relever quand ça va dans le mauvais sens. Pas mal d’équipes sont au même point et c’est compliqué de faire des séries de victoires. Celles qui y arrivent sont rapidement en haut du tableau, comme Laval ou Concarneau. Et les autres comme nous doivent essayer de resserrer l’écart. J’espère que le club sera à sa place en fin de saison, et à titre personnel, j’espère que je vais pouvoir engranger des matchs pour gagner en expérience et apporter à l’équipe. Je suis libre cet été donc il faut aussi que je montre mes qualités, mais je suis concentré sur ma fin de saison, je laisse l’extra-sportif à mon agent.

En parallèle de ta carrière en club, tu es un membre important de la sélection comorienne. Tu es appelé pour la première fois à l’automne 2019, alors que tu es encore au Stade Malherbe et que tu joues très peu. Comment ça s’est fait ?

À la base, j’ai reçu un coup de fil du sélectionneur Amir Abdou. Il était content de mes performances et même si je jouais un peu moins, il trouvait que je pouvais bien rentrer dans son groupe. Je me suis concerté avec ma famille pour évoquer cette approche, mon père et ma mère sont tous les deux nés là-bas et ils ont gardé un lien fort avec les Comores. Ils m’ont transmis ce lien et ça nous rendait fiers, moi et ma famille, que je puisse jouer pour les Comores. Ça me permettait aussi de beaucoup gagner en expérience en participant à de grands matchs, surtout pour un jeune joueur comme moi. Donc je n’ai pas hésité, j’ai accepté et ils m’ont pris pour un amical en région parisienne contre la Guinée, qu’on a gagné. Nous avons un bon groupe, un bon état d’esprit, et je suis très content d’être avec eux. Nous sommes tous fiers d’avoir réussi à être à la CAN, sachant que ça ne fait pas très longtemps que la sélection comorienne existe.

Depuis tu es régulièrement appelé, et tu es même sur le terrain contre le Togo en mars 2021, quand vous validez la première qualification de l’histoire à la CAN. Comment l’as-tu vécue ?

Je me suis blessé sur une accélération, du coup je n’ai pas fini le match. Mais c’était une grande émotion avec tout le groupe. La population était heureuse de notre prestation et de notre qualification, parce qu’elle allait pouvoir nous voir à la CAN pour la première fois, montrer nos valeurs au monde entier. Avant de jouer pour l’équipe nationale, je n’avais pu aller qu’une seule fois aux Comores, tout petit. Et maintenant grâce à la sélection j’y vais très souvent, donc ça me permet aussi de découvrir un peu plus mon pays.

Dans le groupe comorien à la CAN, tu es un des plus jeunes et tu t’imposes comme titulaire derrière. Vu de l’extérieur, on avait l’impression que vous étiez à la fois tellement insouciants et tellement déterminés que rien ne pouvait vous arriver.

C’est vrai ! Nous étions un peu crispés sur les premiers matchs, ça se sentait. Puis avec le temps, on s’est dit qu’on n’avait rien à perdre. Face au Ghana nous nous sommes relâchés, et là on a vraiment vu les Comores (victoire 3-2). C’est contre le Ghana que j’ai reconnu mon groupe, mon équipe. Tout le monde a vu la différence. C’est venu naturellement.

« Dans cette sélection comorienne, nous ne sommes pas des coéquipiers, nous sommes des frères. Donc nous nous battons tous ensemble. On le voit bien sur le terrain : ce qui fait notre force, c’est notre solidarité. »

Younn Zahary
Huitième de finaliste de la CAN.



Pendant la phase de poules tu affrontes Fayçal Fajr (Maroc) puis Alex Djiku (Ghana), avec qui tu as joué en Ligue 1. Ça devait être sympa comme retrouvailles ?

Bien sûr ! Le temps passe vite, il y a quelques années nous étions ensemble dans la même équipe, avec des objectifs communs. Les revoir et jouer contre eux, ça fait toujours plaisir. Eux aussi me l’ont fait comprendre. Nous étions tous contents de nous retrouver ici.

Et bien sûr il y a ce huitième de finale entré dans la légende, avec Chaker Alhadhur aux buts, le carton rouge au bout de 7 minutes, votre performance où vous tenez tête au Cameroun… Comment as-tu vécu tous ces événements ?

L’atmosphère était un peu bizarre, parce que nous étions vraiment dépassés par les événements. Nous avons eu un enchaînement de problèmes qui normalement n’auraient jamais dû se poser. Le fait de ne pas avoir de gardien par exemple… À l’entraînement on en rigolait, on se demandait qui allait être au goal, ça se charriait. Un joueur allait au but, on lui faisait deux ou trois frappes, puis on lui disait : « oh t’es nul, allez tu sors ! » (rires). C’était drôle, quand même. Mais le jour-même on s’est rendu compte que ce n’était pas une blague, et qu’il fallait vraiment trouver un gardien. Alors Chaker Alhadhur a pris ses responsabilités. Sachant qu’Ali Ahamada était dans les tribunes parce qu’il n’avait plus le Covid, mais qu’un arrêté qui avait été changé la veille de notre match l’empêchait de jouer… C’était incompréhensible, ça nous a remontés. Mais on a fait avec, et on a joué notre football. Nous voulions montrer au monde entier que même avec un joueur de champ aux buts, nous étions capables de faire des différences contre une grosse équipe du Cameroun.

Avec un joueur de champ aux buts, et à 10 contre 11 !

Au moment du carton rouge, au tout début, on se demande tous : mais qu’est-ce qu’on fait ? Sur le coup c’était incroyable, cette accumulation de choses qui nous met en difficulté. Mais plutôt que de douter, ça nous a encouragés à continuer, à faire valoir nos qualités sur le terrain jusqu’au bout. Nous n’avions rien à perdre, donc nous voulions tout faire pour renverser cette équipe du Cameroun. Dans cette sélection, nous ne sommes pas des coéquipiers, nous sommes des frères. Donc nous nous battons tous ensemble. On le voit bien sur le terrain : ce qui fait notre force, c’est notre solidarité. Le résultat n’a pas été au rendez-vous mais nous sommes fiers de notre parcours. Nous avons pu sortir de cette compétition la tête haute. Maintenant nous allons préparer la CAN 2023, et nous allons aborder les matchs de qualification avec beaucoup de détermination (le tirage au sort est prévu pour mai, et le début de la phase pour juin, ndlr).

Pour en revenir au match de demain, quel est ton regard sur les débuts de saison de Malherbe et de Pau ?

Je n’ai pas suivi d’assez près pour avoir un avis, mais je sais que Caen n’est pas très bien. Surtout comparé à Pau qui arrive à faire des différences notamment à domicile, leur classement n’est pas anodin. Le SM Caen manque de constance, ils ne performent que par petits pics, ce qui fait qu’ils sont à une place que le club ne mérite pas. Mais ils sont là, et on verra bien sur la fin de saison.

D’ailleurs es-tu encore proche de certains joueurs au SMC ?

Assez peu. Il reste Yoël Armougom, et après les autres avec qui j’ai gardé des affinités ne sont plus au club, comme Herman Moussaki ou Evens Joseph qui sont de ma génération.

Pour finir, as-tu un message pour les supporters caennais ?

J’ai passé d’excellents moments auprès de vous et j’en garde de très bons souvenirs. Continuez à supporter le club de votre cœur, et allez Malherbe ! Et d’ailleurs, j’en profite aussi pour remercier tous ceux qui m’ont soutenu depuis le tout début, parce que j’oublie souvent de le faire.

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